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Intervention de J.Henin sur les questions de transports maritimes...

mardi 20 avril 2010

C’est un euphémisme de dire que l’Union a besoin d’une véritable stratégie de développement du transport maritime, car il s’agit d’un enjeu majeur pour l’avenir de notre Union, en termes d’indépendance alimentaire, économique et politique, de protection environnementale. Pour être efficace cette stratégie doit être globale et concerner : la construction et la réparation navale, les ports, l’emploi et la formation des personnels, la sécurité.

Le rejet de la directive de libéralisation des activités portuaires par notre Parlement en 2006, constitue à mon sens, l’élément fondateur de toute stratégie européenne de transports maritime. Notre parlement invite la Commission à poursuivre sa lutte contre l’abus des pavillons de complaisance ! C’est bien, mais encore faudrait-il que cette lutte ait réellement commencée. Et sur le fond, ce ne sont pas les abus des pavillons de complaisance qu’il faut combattre, mais l’existence même de cette pratique, autrement toutes nos belles intentions sur la sécurité, sur le développement d’emploi resteront lettre morte. Il est positif de conditionner les aides d’Etat au secteur à l’obligation de satisfaire à des critères sociaux et environnementaux de qualité, à la promotion de l’emploi et de la formation de marins issus des Etats membres de l’Union. Car les seules véritables distorsions de concurrences ne sont pas les aides d’Etat mais bien le dumping social, salarial, environnemental. La meilleure des garanties de sécurité dans les transports maritimes réside dans des équipages biens payés, biens formés, bénéficiant d’une bonne couverture sociale et de bonnes conditions de travail. Je note avec satisfaction que l’on parle enfin de formation des marins tout au long de la vie, de renforcement des qualifications professionnelles et des compétences. Reste à faire reconnaître cela comme un droit pour tous les travailleurs de la mer et à le faire financer par le patronat. J’appuie aussi les exigences portées sur la construction navale et la qualité de l’acier. Le texte qui nous est soumis contient certes un certain nombre d’avancées mais aussi beaucoup de contradictions. Il reste enfermer dans le carcan du dogme de la concurrence libre et non faussée. Il porte encore trop l’empreinte des pressions du lobby des chargeurs et des pires utopies ultralibérales. Ainsi à titre d’exemples : Comment soutenir l’emploi de marins européens et demander des études pour déterminer dans quelle mesure de nouvelles technologies pourraient se substituer aux travailleurs de la mer ? Comment défendre le recul des dumpings, tout en sollicitant les libertés de circulation de salariés qui n’ont pas les mêmes droits dans l’union même ? Comment mettre en avant la sécurité, quand l’auto-déclaration prévaut et que certains par l’odeur du gain alléché n’hésite pas à transporter des produits pouvant se réveler particulièrement dangereux pour les hommes et la nature ? Il nous reste donc beaucoup de travail, et il nous faudra probablement dépenser beaucoup d’énergie pour parvenir à ce qui parait pourtant évident au plus grand nombre : Une politique maritime de haut niveau passe aussi et surtout par le respect de ces femmes et de ces hommes durs au mal, qui souvent risque leur vie pour répondre aux besoins des autres.

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