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Grève du lait : les producteurs laitiers radicalisent leurs actions !

Par Laurent Bouvier R&S des Ardennes

jeudi 24 septembre 2009

Depuis la signature le 03 juin dernier, avec la bénédiction de la toute puissante FNSEA, d’un accord interprofessionnel fixant pour 2009 le prix du lait à 280 euros la tonne, la colère grondait dans les campagnes françaises. Pourquoi ? D’abord parce que ce nouveau tarif est en recul de 17 % sur celui pratiqué en 2008, ce qui revient à dire que les producteurs de lait gagneront à travail égal 1/6ème de moins ! Ensuite, parce qu’avec un tel prix, 50 % des exploitations laitières seront inévitablement déficitaires et 30% tout juste à l’équilibre, ce qui signifie que le labeur de 80 % des producteurs laitiers ne sera de fait pas rémunéré. Face à cette situation qui n’arrangeait que les plus gros producteurs qui bénéficient de coûts très bas et les industriels qui pourront s’approvisionner à moindre frais, la contestation s’est organisée pendant tout l’été sous l’impulsion de la toute nouvelle APLI (association des producteurs laitiers indépendants) qui a été créée en décembre 2008 à l’occasion de mouvements de protestation dans les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine.

Hélas, les tentatives de discussion pour obtenir, d’une part une revalorisation du prix d’achat à 330 euros la tonne dans l’immédiat et à 400 euros à moyen terme, et d’autre part une baisse immédiate des volumes de 5 % pour mettre fin à la surproduction qui pèse sur les cours, n’ont abouti à aucun résultat. Les producteurs laitiers ont donc décidé de passer au stade supérieur en déclenchant le 10 septembre une grève du lait, c’est à dire un arrêt des livraisons du précieux liquide blanc aux coopératives. Ce mouvement national a été inégalement suivi selon les régions, mais il n’a pas épargné les Ardennes où les producteurs se sont d’abord efforcés de sensibiliser la population et les élus à leurs difficultés en procédant à des distributions gratuites de lait à des moments médiatiques (la foire de Sedan, par exemple) ou dans des endroits symboliques comme devant la permanence du député Warsmann. Mais cela n’a eu aucun effet sur les pouvoirs publics ! Les grévistes se sont donc résignés à aller plus loin, ce qui s’est traduit hier par le rassemblement près du petit village de Tannay de 60 tracteurs qui ont déversé dans un champs, après avoir symboliquement respecté une minute de silence en mémoire des éleveurs acculés au suicide, la production de plus de 300 exploitations, soit 600.000 litres de lait.

Cet acte, aboutissant à détruire un aliment noble alors que tant de personnes souffrent de la faim à travers le monde, paraîtra sans aucun doute à certains choquant. A coup sûr, ils le condamneront avec les mots les plus durs. Nous tenons à apporter notre soutien aux grévistes dont nous comprenons la colère et le désespoir face à la situation économique insupportable qui leur est imposée. Pour les producteurs laitiers qui ont vu leurs effectifs passer à l’échelle nationale de 385.000 en 1983 à 94.000 actuellement, c’est bien de leur survie qu’il s’agit ! Leurs revendications immédiates sont donc légitimes, même si la solution à long terme à leurs problèmes nous semble devoir être recherchée dans le rééquilibrage des relations entre les producteurs et les industriels, la réforme en profondeur des circuits de distribution et la remise en cause de la dérégulation complète voulue par Bruxelles.

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