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Intervention de Jacky Hénin le 2 Septembre 2010, sur le rapport de B Lange

En commission Industrie, Recherche et Energie du parlement Européen

vendredi 3 septembre 2010, par République et Socialisme

"Une politique industrielle à l’ère de la mondialisation".

Face aux dégâts considérables occasionnés : à l’industrie, à l’emploi, aux Nations, par la dernière crise en date, nous voilà amené au travers de ce rapport à réfléchir sur la possibilité de voir les choses quelque peu différemment de : "c’est le marché qui décide des orientations, de qui doit vivre ou mourir".

En fait, profondément bousculés par les réactions fortes de leurs populations, voilà "les politiques" amenés à faire croire qu’ils vont reprendre les choses en main. "On va voir ce qu’on va voir !".

La réalité est, quelque peu différente. Et, tout au plus s’agit il de mettre davantage de chocolat autour de la pilule amère, afin qu’elle puisse être avalée plus facilement.

Seuls faits intéressants, Le document de travail qui nous est soumis : constitue un début de lucidité sur la situation inquiétante de l’industrie européenne et sur les effets néfaste du tout marché, voit la question d’une industrie davantage respectueuse de l’environnement abordée avec sérieux.

Mais rien par contre sur les droits sociaux, sur la nécessité de salaires décents, sur le cancer qui ronge l’industrie : la finance.

Pourtant, Le processus de désindustrialisation de l’Union est caractérisé par : • Une vision de la productivité focalisée sur la réduction du nombre d’emplois et la baisse de la masse salariale pour satisfaire le diktat des actionnaires d’obtenir des dividendes toujours plus importants. • Le désinvestissement du territoire européen au profit de la fuite des activités vers les pays émergents. • La dépossession des salariés de leur savoir faire. • L’éclatement des entreprises et des collectifs de travail avec les externalisations d’activités, les mises en sous-traitance, les filialisations...etc.

Les entreprises industrielles grandes ou petites sont rongées par un véritable cancer financier. Elles subissent la loi des prédateurs que sont les différents fonds financiers, avec en particulier les “Private équity” et leur “LBO”. En la matière la responsabilité des banques et des institutions financières est accablante.

Le poids de la finance dans la gestion des entreprises et les choix stratégiques y compris celui de délocaliser, est déterminant. Nous vivons le triomphe du court terme et des actionnaires rois !

Il faut effectivement mettre en œuvre une politique industrielle européenne coordonnée avec les politiques nationales afin de relocaliser, de réindustrialiser et recréer des emplois industriels. Pour cela il faudra avoir comme politique : le courage. Le courage de casser le pouvoir de la finance

Réindustrialiser, relocaliser, créer des emplois industriels implique de combattre le cancer financier qui détruit nos entreprises et nos emplois. Ce combat passe par une réquisition publique du crédit pour le placer au service de l’emploi, de la R&D et de l’activité en Europe. Je pense à la mobilisation des fonds de la BEI (Banque européenne d’Investissement), à la mise en place d’un pôle public des banques et du crédit au niveau national et européen. Il faut aussi travailler à une appropriation sociale des savoirs faire et des connaissances qui fassent que ce soit les salariés qui détiennent (en termes de propriété) les savoir faire, les brevets, les copyrights, et non les actionnaires. (L’exemple parmi tant d’autres de l’entreprise CUNO situé en France dans le Calaisis est ici exposé. Un groupe américain 3M qui rachète, prend les brevets, ferme l’entreprise, et jette à la rue les salariés prive la Nation d’un véritable savoir faire, ampute les territoires d’une partie de leur richesse) Il faut de nouvelles formes d’appropriations sociales des moyens de production et d’échange c’est à dire des nationalisations démocratiques débouchant sur des réorganisations de secteurs industriels stratégiques. Par exemple des pôles publics de l’Energie et du traitement des déchets

Il faut changer et mettre en place un vrai fond européen d’aide à la ré industrialisation et aux relocalisations, sur la base de crédits sélectifs et de véritables plans de formation.

Nous devons également remettre en cause les règles de l’OMC pour protéger les salariés, les citoyens et les territoires des dumpings salariaux, sanitaires, sociaux, fiscaux, et environnementaux.

Face à l’hégémonie du dollar il nous faut soutenir la proposition des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) d’une monnaie commune mondiale.

Enfin, méfions nous des fausses bonnes idées. Il est écrit dans le rapport, que "nous devrions évoluer vers une société du savoir dans laquelle l’innovation et la recherche supplanteraient la main d’œuvre et le travail manuel" Bien très bien, sauf que L’industrie des pays émergents monte d’une manière accélérée en puissance et en gammes. C’est la Chine et non l’Europe qui met en œuvre les objectifs de la Stratégie de Lisbonne. En 2010 les dépenses de R&D publics et privés de la Chine ont rattrapé celle de l’Union européenne. Le taux de croissance annuel de ses dépenses en Chine est de 10% contre 0,7% pour la France. La Chine forme chaque année 800.000 doctorants en sciences. A très courts termes la Chine aura autant d’ingénieurs et de chercheurs que les Etats-Unis et l’Union européenne réunis. Alors nous auront belle allure de chanter tout l’été que seul le savoir nous sauvera, car les autres disposeront eux du savoir et de la capacité à produire, nous nous trouverons fort dépourvu quand l’hiver (la crise) sera venu.

Oui à une politique industrielle Européenne coordonnée dès lors qu’elle prenne en compte les besoins de nos populations.

Oui à une politique industrielle Européenne coordonnée respectueuse de l’environnement, économe en énergie et en matières premières

Oui à une politique industrielle Européenne coordonnée qui prenne en compte le nécessaire développement de tous nos territoires

Oui à une politique industrielle Européenne respectueuses des droits des salariés et offrant un statut social digne de ce nom

Oui à une politique industrielle Européenne soutenue y compris financièrement ...

Seul problème, tout ceci est en contradiction avec les intérêts du marché et surtout en contradiction avec la constitution Européenne !

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