Accueil du site > Front de Gauche > Mélenchon dénonce les "patrons voyous" au procès Samsonite
Source LEXPRESS.fr
jeudi 17 mai 2012, par
Jean-Luc Mélenchon, venu ce mercredi au Palais de justice de Paris soutenir des ex-ouvriers de l’usine Samsonite d’Hénin-Beaumont, a dénoncé les "ravages sociaux" du "capitalisme financier", ainsi que Mitt Romney, fondateur du fonds d’investissement ex-actionnaire du bagagiste américain.
Debout près de la porte, silencieux, le chef du Front de gauche a écouté durant une heure les débats devant la cour d’appel de Paris, lui qui est candidat aux législatives à Hénin-Beaumont face à la présidente du Front national Marine Le Pen.
Mais en dehors du Palais, il ne s’est pas privé d’évoquer "l’irresponsabilité sociale et industrielle du capitalisme financier" qui se moque "de ce qu’il produit". "Tout ce qui compte pour lui, ce sont les actifs, la trésorerie. Le capitalisme industriel se contentait de pomper le capital humain... Le capitalisme financier, c’est comme le parasite du parasite !", a-t-il dit.
"C’est toujours la même histoire"
En 2005, le bagagiste américain Samsonite avait cédé son usine d’Hénin-Beaumont à des repreneurs. Le site devait se reconvertir dans la fabrication de panneaux solaires mais aucun n’avait été produit. Deux ans plus tard, l’entreprise était liquidée et les 205 salariés sans emploi.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné en 2009 trois repreneurs à de la prison ferme pour avoir sciemment provoqué la faillite de l’entreprise en détournant 2,5 millions d’euros. La cour d’appel les rejuge cette semaine.
Pour Jean-Luc Mélenchon, "c’est toujours la même histoire : on juge les repreneurs, exécuteurs des basses oeuvres qui ont pris leur part, mais jamais ceux qui sont derrière !"
"Samsolite s’est comporté en voyou"
L’ex candidat à la présidentielle s’en prend également à l’Américain Mitt Romney, multimillionnaire en tant que fondateur du fonds Bain Capital, ex-actionnaire de Samsonite : "c’est symbolique que l’actionnaire du fonds venu égorger l’entreprise soit le candidat républicain à la présidence américaine !", a-t-il accusé.
L’avocat des ex-salariés, Me Fiodor Rilov, bondissant devant les magistrats, a plaidé pour "qu’on ne se contente pas de condamner les exécutants".
"Samsonite avait été acheté 11 millions de dollars. Trois ans plus tard, il a été revendu 1,8 milliard de dollars (...). Entre temps, on avait réussi à sortir du groupe l’usine d’Hénin-Beaumont et ses salariés", a affirmé Me Rilov.
"Mener jusqu’au bout le combat judiciaire"
"Si Samsonite ne s’était pas comporté comme un voyou, n’avait pas organisé la ruine de cette entreprise (...), le groupe aurait dû payer des indemnités de licenciement aux salariés et provisionner pour cela 100 millions de dollars aux Etats-Unis", a-t-il soutenu.
Outrés, les avocats de Samsonite ont répliqué que le groupe, "partie civile", était une "victime", "son image de marque ayant été traînée dans la boue".
Fin 2004, "Samsonite cherchait à céder ce site en surcapacité mais n’avait aucune volonté de le fermer", ont-ils assuré. Les repreneurs avaient semblé "convaincants", "avec une grande expérience" et leur projet de reprise "faisable et rentable", a plaidé Me Jean-Jacques Touraille.