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Visteon restructuration en vue

Par Laurent Bouvier Responsable départemental de République et Socialisme des Ardennes

La nouvelle est tombée jeudi. L’un des plus grands équipementiers automobiles au monde, l’américain Visteon, spécialisé dans 4 lignes de produits (intérieurs, climatisation, électronique et éclairage), a déposé son bilan auprès d’un tribunal de l’Etat du Delaware (vous savez, celui où la firme Catalina, bien connue dans les Ardennes, était enregistrée !).

En soi, cette nouvelle n’a rien d’étonnant puisque, depuis sa séparation en 2000 de sa maison mère Ford, l’entreprise a enchaîné 8 exercices déficitaires. Pis, lors du 4ème trimestre 2008, son chiffre d’affaire s’était effondré de plus de 42 % et la perte nette s’était élevée à 328 millions de $, soit 7 fois plus qu’au cours de la même période de l’année précédente.

La direction avait alors indiqué qu’elle était dans l’impossibilité de garantir qu’elle pourrait honorer le remboursement de sa dette de 5,3 milliards de $ pour un total d’actifs de 4,58 milliards de $ et qu’elle envisageait, pour faire face à ses besoins en liquidités, un report des dépenses d’investissement et des mesures de restructuration. L’effondrement du marché automobile mondial s’étant poursuivi depuis, Visteon a vu son chiffre d’affaires dégringoler de 53% à 1,30 milliard de $ au premier trimestre et sa trésorerie disponible fondre à seulement 200 millions de $. La situation n’était donc plus tenable et, à l’image de Delphi 4 ans plus tôt ainsi que d’une cinquantaine d’autres équipementiers automobiles depuis le début 2008, le groupe a choisi de se placer sous la protection du chapitre 11 du code des faillites en vigueur aux États-Unis.

Concrètement, cela signifie que l’entreprise pourra continuer à fonctionner tout en se restructurant à l’abri de ses créanciers. Une vraie bouffée d’oxygène donc, qui, si elle est bien utilisée, devrait permettre à la société de repartir sur de bonnes bases. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une catastrophe pour cette multinationale de 31.000 salariés présente dans 27 pays, d’autant que le dépôt de bilan ne concerne que les activités américaines et en aucun cas les activités basées à l’étranger. Cependant, même si les activités hors États-Unis sont épargnées par cette annonce, il ne faudrait surtout pas croire qu’elles n’en subiront pas le contrecoup. Sans être des experts en économie, nous savons ce que l’expression « restructuration d’une entreprise » signifie : la fermeture des activités non rentables et la vente des actifs « non stratégiques » (en clair, les diversifications et ceux qui ont la malchance d’être situés dans un pays étranger).

Dans ce domaine, le groupe a déjà une certaine expertise puisqu’il a supprimé 9.300 emplois (soit 23 % de ses effectifs de l’époque) et fermé ou cédé 30 usines entre 2005 et 2008. Il a d’ailleurs annoncé qu’il allait continuer dans cette voie en réduisant encore ses effectifs de 1.000 personnes cette année, afin d’économiser 90 millions de $. Après sa filiale anglaise placée en redressement judiciaire en mars, d’autres sites seront donc touchés, parmi lesquels figurent en France ceux de Gondecourt (Nord), de Flins et de Rennes qui perdront au total plus de 150 salariés. Et l’usine de Charleville-Mézières, vous demandez-vous certainement ?

A priori, ce fleuron de l’économie ardennaise, qui a été en 2007 l’entreprise industrielle la plus bénéficiaire du département, devrait être épargné, à moins que « pour maximiser la valeur de Visteon à long terme », le PDG Donald Stebbins ne décide de vendre les « bijoux de famille ». Nul doute que le repreneur en profite alors pour réduire les effectifs. Le danger est donc bien là et nous espérons que les pouvoirs publics et les syndicats sauront faire preuve de la vigilance qui s’impose.

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