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Nexans (Ardennes) : c’était bien des licenciements boursiers !

Par Laurent Bouvier

samedi 23 janvier 2010

En septembre dernier, la nouvelle était tombée comme un coup de massue à Fumay : 53 emplois sur 258 allaient être supprimés à l’usine Nexans, le 1er employeur de la ville ! Le motif ? Officiellement, la crise économique qui avait entraîné au 1er semestre 2009 une chute de 16,4 % de l’activité câbles, à taux de change et prix des métaux, constants et un effondrement de 26,3 % de la branche câbles LAN pour la câblage des bâtiments et des réseaux informatiques qui constitue l’essentiel de la production du site fumacien. Une véritable catastrophe, qui avait réduit à zéro la contribution opérationnelle de cette branche, fait plonger les comptes du groupe dans le rouge à hauteur de – 57 millions et imposait une restructuration en urgence ! Officieusement, la volonté de maintenir la marge opérationnelle du groupe à 6 % du chiffre d’affaires afin de réduire la dette pour être en position de saisir toute opportunité de croissance externe, ambition cautionnée par l’Etat qui avait investi plus de 50 millions d’euros dans l’entreprise par l’intermédiaire du Fonds Stratégique d’Investissements pour accompagner les grandes manœuvres à venir. La perte nette du 1er semestre, due en grande partie à une charge pour restructuration de 53 millions, ressemblait donc déjà plus à un alibi qu’au reflet de la véritable santé de Nexans.

La publication ce matin des résultats de l’entreprise pour la totalité de l’année 2009 confirme hélas ce sentiment. Certes, avec un chiffre d’affaires de l’activité câble en chute de 17,2 % par rapport à 2008, la dégradation constatée au 1er semestre n’a pas été enrayée. Par contre, le résultat opérationnel, attendu par les analystes financiers à 190,9 millions d’euros, a largement dépassé les prévisions en s’établissant à 241 millions, ce qui a permis au groupe d’atteindre son objectif d’une marge opérationnelle de 6 %. Mieux, le résultat net est redevenu bénéficiaire de 8 millions d’euros ! Evidemment, on pourra toujours dire qu’il est 10 fois moins élevé qu’en 2008 lorsqu’il avait atteint 82 millions, mais en le retraitant des charges de restructuration (c’est-à-dire des coûts liés aux fermetures d’usines et aux licenciements) qui se sont élevées à 119 millions, il atteint 127 millions d’euros, soit une progression de 55 %. Quant à la branche câbles LAN qui concerne au 1er chef l’usine de Fumay, elle a connu un 2ème semestre meilleur que le 1er puisque la baisse annuelle de son chiffre d’affaires a été contenue à 23,1 % et que son résultat opérationnel annuel s’est élevé à 6 millions d’euros. Les chiffres ont donc parlé ! Les 1.800 salariés touchés à l’échelle mondiale par la restructuration du groupe n’ont pas été licenciés par une entreprise moribonde au bord de la faillite, ils ont été sacrifiés pour répondre aux critères de rentabilité imposés par les actionnaires d’un groupe qui a réussi à diviser en un an son endettement par 4 pour le ramener à 7,5 % seulement de ses fonds propres. C’est encore plus vrai pour les 53 salariés de l’usine de Fumay puisque la direction reconnaît que « la baisse de production des câbles LAN masque toutefois un redressement au second semestre, après un 1er semestre marqué par un fort déstockage des distributeurs ». Il ne s’agit donc pas de licenciements économiques, mais bien de licenciements boursiers. D’ailleurs, il en existe une preuve incontestable : la décision de la direction de proposer au titre de l’année 2009, annus horribilis pour les salariés, le versement d’un dividende de 1 euro par action, ce qui représentera un décaissement total de l’ordre de 28 millions d’euros largement supérieur au bénéfice de l’année ! Joli signe de confiance dans l’avenir, que les salariés licenciés apprécieront à n’en pas douter à sa juste valeur.

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