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Champagne ArdennesGroupe liégeois Magotteaux : des licenciement particulièrement inquiétants

Par Laurent Bouvier

vendredi 17 juillet 2009

En 1976, afin de sécuriser ses exportations à destination de la Chine communiste, le groupe liégeois Magotteaux s’est installé à Aubrives pour pouvoir profiter des avantages offerts par la toute nouvelle COFACE. Progressivement son usine s’est développée et aujourd’hui, avec 138 salariés, elle est devenue non seulement le 1er employeur de la commune mais aussi le 2ème employeur du canton. Un poids lourd de l’économie locale donc, spécialisé dans la fabrication de boulets et de pièces de résistance pour broyeurs et concasseurs à destination des cimenteries et de l’industrie minière, qui a démarré l’année 2008 sur les chapeaux de roues en mettant en production au mois de mai le MagMove, une machine mobile de 41 tonnes montée sur chenilles conçue pour le marché alors très porteur des agrégats. Malheureusement, le 2ème semestre a été nettement moins bon avec, sous l’effet de la crise économique mondiale, une baisse de plus de 11% de la production qui a été ramenée pour l’ensemble de l’année à seulement un peu plus de 7.000 pièces.

Évidemment, l’usine a été obligée de s’adapter à la nouvelle conjoncture. Cela s’est traduit dès la fin de l’année par la suppression de tous les contrats d’intérim, puis en janvier 2009, dans le cadre de la modulation du temps de travail permise par les accords signés en 1999 sur la réduction du temps de travail, par la mise en place d’une période de basse activité de 6 mois au lieu de 3 habituellement. D’après Dario Luongo, le nouveau directeur de l’usine, cette limitation du travail à 4 jours par semaine, qui devait être compensée par le passage à 5 jours hebdomadaires pendant le 2ème semestre, était nécessaire et suffisante pour faire face à un budget prévisionnel commercial 2009 en baisse de 12% sur celui de 2008. Hélas, la baisse attendue du carnet de commandes s’étant transformée en une chute de 35 à 40%, la fonderie a été contrainte de recourir à du chômage partiel pendant les mois de mars, avril et mai, tout en appliquant les mesures adoptées à l’échelle du groupe, à savoir le gel des salaires et des remplacements pour départ à la retraite.

Une potion déjà bien amère pour les salariés, mais apparemment encore trop douce pour affronter "un 2ème trimestre 2009 particulièrement difficile" et attendre "une lente reprise probablement au 2ème trimestre 2010" ! C’est pourquoi, lors de la réunion du Comité d’établissement qui s’est tenue cette semaine, Dario Luongo a évoqué, en plus de la poursuite en juillet de la période de basse activité, la suppression de 9 postes qui fera l’objet d’une discussion et d’une décision lors de la réunion extraordinaire du Comité d’établissement prévue le 17 juillet. Une mesure somme toute assez modérée, êtes-vous certainement en train de penser en la mettant en rapport avec les 138 salariés que compte aujourd’hui l’usine. D’un point de vue strictement numérique, vous avez raison. Mais pour République et Socialisme, qui s’efforce d’analyser globalement la situation, ces quelques licenciements sont en réalité très inquiétants pour 3 raisons : la 1ère est qu’ils montrent la gravité de la crise économique actuelle qui est appelée à durer, contrairement aux propos optimistes tenus par François Fillon après les élections européennes ; la 2ème est qu’ils prouvent que les mesures temporaires d’adaptation à une situation économique déprimée ne fonctionnent qu’un temps et finissent immanquablement par aboutir à des réductions de personnel ; surtout la 3ème est qu’il s’agit, après Sum Tech en octobre 2008 et mars 2009 et Unilin en juin 2009, à un nouveau "paquet de neuf" qui dispense Magotteaux de mettre en place un Plan de sauvegarde de l’Emploi puisque celui-ci n’est obligatoire qu’à partir de 10 salariés licenciés pour motif économique.

Les victimes des licenciements ne bénéficieront donc pas de propositions de reclasssement au sein du groupe Magotteaux et de ses 14 usines, ce qui n’a rien d’étonnant, lorsqu’on sait que 41 emplois ont été supprimés en avril au siège social, ni de dramatique puisque le personnel compte un certain nombre de salariés très proches de la retraite. Par contre, si la même mesure se reproduisait dans 3 mois, ce qui est tout à fait envisageable, elle aurait cette fois-ci des conséquences autrement plus négatives qu’il convient dès maintenant d’anticiper.

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